Discours d'ouverture de la session budgétaire 2014 de l’Assemblée de la Polynésie française

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Discours d'ouverture de la session budgétaire 2014 de l’Assemblée de la Polynésie française

Monsieur le Président de la Polynésie française,

Monsieur le Vice-président,

Mesdames et messieurs les ministres,

Monsieur le Sénateur,

Monsieur Gaston FLOSSE, ancien sénateur et président de la Polynésie française,

Monsieur Oscar TEMARU, ancien président de la Polynésie française

Monsieur Gaston TONG SANG, ancien président de la Polynésie française

Monsieur Jacqui TEUIRA, ancien président de la Polynésie française

Monsieur le conseiller économique social et environnemental,

Monsieur le Président du Conseil économique social et culturel,

Madame, Monsieur, les députés

Madame et Messieurs les présidents des groupes politiques

Mesdames et Messieurs les Représentants,

Mesdames et Messieurs les Maires,

Mesdames et Messieurs les chefs de service et directeurs des établissements publics,

Mesdames et Messieurs les personnels de notre Assemblée,

Chers téléspectateurs, vous qui nous regardez grâce aux télévisions et au réseau Internet,

Ia orana

Pour ma première intervention solennelle au sein de notre Assemblée, permettez moi cet écart protocolaire car, comme vous avez pu le constater, j ai souhaité, pour l’ouverture de la session budgétaire, consacrer ce moment aux anciens présidents de notre Fenua, les associer en ce jour particulier.

Monsieur Jacquy TEUIRA a été, comme vous le savez, Maire de la commune de Arue. En 1987, il accède à la fonction de Président de la Polynésie française, occupé jusque là par monsieur Gaston FLOSSE appelé à des fonctions au sein du gouvernement de monsieur Jacques CHIRAC. Retiré de la vie politique, monsieur TEUIRA rédige actuellement ses mémoires.

Une pensée chaleureusement pour monsieur Alexandre LEONTIEF qui a été Président de la Polynésie française.

Monsieur Gaston TONG SANG a été également Président de la Polynésie Française à plusieurs reprise à partir de 2006 et jusqu’en 2011. Actuellement Maire de BORA BORA et représentant à l’Assemblée de la Polynésie française, vous continuez votre action politique au sein du mouvement autonomiste A TIA PORINETIA.

Monsieur Oscar TEMARU a aussi été Président de la Polynésie française à plusieurs reprise à partir de 2004 jusqu’en 2013. Actuellement Maire de FAAA et représentant à l’Assemblée de la Polynésie française, vous continuez votre action politique au sein de votre mouvement indépendantiste le TAVINI HUIRAATIRA.

Monsieur Gaston FLOSSE a été le premier président de la Polynésie française et celui qui est resté le plus longtemps en exercice. Bien que déchu de tous vos mandats électoraux, vous avez décidé de poursuivre votre action politique au sein du Tahoeraa Huiraatira, mouvement que vous avez créé.

Messieurs les Présidents, je vous salue tous et profite pour dire à Monsieur TEMARU que même si je ne partage pas son combat en faveur de l’indépendance, je vous respecte.

- Quant on a consacré sa vie entière à la politique, et pour certains parmi nous, ce n’est pas terminé ;

- quand on a consacré sa vie entière à bâtir la Polynésie moderne et ouverte au monde avec ses propres convictions politiques ;

- quand on a consacré sa vie à défendre la France et la République, ici et sur la scène internationale ;

- quant on a été au moins un maire, un député, un député européen, un sénateur, un ministre de la République, et un président de la Polynésie française,

NOTRE DEVOIR A TOUS EST DE RESPECTER LE TRAVAIL ACCOMPLI.

Nous, représentants, sommes une instance politique, nous sommes l’émanation de la population polynésienne et de ses choix souverains.

Le 5 mai 2013, les Polynésiens ont décidés de confier le destin de leur pays à la liste du Tahoera’a Huiraatira conduite par Gaston FLOSSE.

Ils ont fait ce choix en toute connaissance de cause, ils ont fait ce choix en toute liberté, c’était leur volonté.

Je retiens que la Ve République, par deux fois seulement dans son histoire, a déchu un sénateur de ses mandats en Outre Mer.

Tous les deux sont Polynésiens : Pouvana'a a OOPA fut le premier, et Gaston FLOSSE est le second.

Au moment où la justice, 60 ans plus tard, s’apprête à rendre justice à Pouvana’a a OOPA au terme d’une procédure de réhabilitation qui s’apparente à un parcours du combattant, s’ouvre dans le même temps la volonté clairement affichée d’éliminer l’autre, contre le choix des polynésiens, à force de procédures dont le nombre et l’acharnement interpellent.

Quoiqu’il en soit, chacun à votre manière, vous avez écrit et vous continuez à écrire l’histoire de notre Fenua.

Je vous demande d’applaudir nos anciens Présidents présents.

L’ouverture de la session budgétaire est un moment important dans la vie de notre pays. L’exercice budgétaire constitue en lui-même un moment essentiel pour le gouvernement et pour notre assemblée.

Les orientations retenues et qui seront présentées dans un instant par le Président de la Polynésie française, dans le cadre de son discours de politique générale, conditionnent durablement l’action et incarnent le cap qu’il a choisi.

Notre pays vient de franchir une étape décisive avec le remplacement du président de la Polynésie française.

Le Président Edouard FRITCH a été élu vendredi et a nommé son gouvernement dès mardi.

J’ai moi-même été élu lundi ainsi que le bureau de notre Assemblée, et ce dernier sera recomposé dès aujourd’hui pour tenir compte des changements intervenus à la suite de la composition du gouvernement.

En effet, 7 d’entre nous ont rejoins le gouvernement.

Nos deux élections, celle d’Edouard et la mienne, résultent d’évènements extérieurs, étrangers à la politique ; voire contraire au choix des électeurs polynésiens.

Certains s’en réjouissent, d’autres le déplore.

Pour ma part je le regrette.

Je voudrais à présent saluer et encourager le nouveau gouvernement, ceux de mes collègues qui y sont restés pour poursuivre l’action engagée, et ceux qui y entrent.

Je leur souhaite bien du courage car je sais combien cette charge est lourde, combien elle exige de sacrifice et de disponibilité.

Je leur dit aussi de ne pas oublier que leur légitimité est ici, dans la force souveraine des élus que nous sommes, dont ils sont l’émanation, et dans cette majorité solide et forte que les polynésiens ont enfin obtenue.

Comme je l’ai indiqué lors de mon élection, je souhaite que le soutien des élus de notre assemblée soit le plus large possible.

Je voudrais qu’au-delà des clivages politiques habituels, nous puissions faire la démonstration que nous sommes capables de nous retrouver sur l’essentiel au nom de l’intérêt des polynésiens.

Montrons ensemble que nous sommes capables de transcender les clivages politiques lorsque l’intérêt supérieur de notre population le réclame.

N’est-ce pas aujourd’hui la situation qui est la nôtre ?

Notre pays reste en situation d’urgence, en situation de mobilisation.

Si j’osais, je dirais même qu’il reste en état de guerre : guerre contre le chômage ; guerre contre la dette ; guerre contre la misère ; guerre contre la précarité ; en guerre aussi contre l’inertie et la morosité, contre le scepticisme et la peur de l’avenir…

N’ayons pas peur de l’avenir, il sera ce que nous en ferons.

Les Polynésiens nous ont fait confiance pour leur redonner espoir et redresser notre pays.

Ils attendent de nous que nous tenions nos engagements. C’est là le cœur de l’action que doit impulser le président et son gouvernement, c’est lui qui porte notre ambition.

Je l’ai dit brièvement lundi dernier, et je le redis à nouveau aujourd’hui, le travail réalisé par le précédent gouvernement auquel j’ai eu l’honneur d’appartenir est considérable.

Le travail qui reste à faire l’est tout autant, tant l’héritage est lourd.

Nous revenons de loin, mais les efforts demandés à tous finissent par produire leurs effets.

Je souhaite à notre président Edouard FRITCH et à son gouvernement toute l’énergie nécessaire pour continuer l’action salvatrice entamée depuis 16 mois et préserver durablement la confiance retrouvée.

Cette confiance retrouvée l’est aussi avec l’Etat.

Je voudrais saluer notre haut commissaire qui fait partie des serviteurs de l’Etat que notre pays a eut à connaître.

Il a su rester à l’écoute des Polynésiens dans un contexte difficile où les relations auraient pu se tendre.

Au contraire, il a été aussi un facilitateur, l’avocat inlassable de la Polynésie française à Paris, avec le souci permanent de faire avancer les dossiers.

Il y a la question du Régime de solidarité territorial qui n’est pas réglée. Sur ce dossier le haut commissaire n’a eu de cesse d’attirer l’attention du gouvernement central sur la nécessaire solidarité de l’Etat avec les Polynésiens et sur l’urgence d’un retour de l’Etat au Régime pour préserver son équilibre et sa pérennité.

Je reste convaincu qu’il n’a pas dit son dernier mot sur ce dossier, et j’ai bon espoir que le Président de la Polynésie française, avec lui, et avec le soutien de nos parlementaires et de nos représentants, puisse débloquer ce dossier avant la fin de l’année.

Nous sommes des gens responsables, respectueux les uns des autres, il n’est nul besoin d’une nouvelle commission de travail pour régler ce dossier.

Dans un pays où il n’existe ni caisse de chômage, ni RMI, le Régime de solidarité territorial est un levier essentiel pour les plus démunis.

L’Etat n’aurait jamais du quitter le financement du Régime ; la solidarité nationale est un droit constitutionnel qui fait que la république française est UNE.

A titre personnel, je suis attaché aux valeurs républicaines.

C’est dans cet état d’esprit que j’aborde mes nouvelles fonctions.

C’est un très grand honneur que d’être élu à la fonction de président de l’Assemblée de la Polynésie française, une institution importante pour notre pays.

J’entends bien donner à notre assemblée toute la place qui lui revient, toute sa dimension en tant qu’expression du suffrage universel.

Ici même sont représentés les choix de nos compatriotes, dans leur diversité.

 

Je veillerai à ce que nos débats se déroulent dans le respect des idées de chacun, dans le respect des personnes aussi, mais également dans le respect de notre règlement intérieur qui encadre nos débats.

Notre institution est dotée de prérogatives renforcées qui font d’elle un véritable pouvoir législatif aux côtés de l’exécutif.

Elle n’est plus une chambre d’enregistrement, ce qu’on lui a trop souvent reprochés dans le passé ; elle est désormais une force de proposition, et elle peut amender les textes proposés par le gouvernement, dans le souci de les améliorer.

Chers représentants, nous travaillerons en étroite collaboration avec le gouvernement, avec les ministres.

Du débat que nous aurons immanquablement sur certains textes, doit sortir le meilleur, la réponse la mieux adaptée à la situation à laquelle nous devons répondre.

Notre assemblée jouera son rôle de force de proposition.

Le travail législatif est à l’image de celui de l’exécutif, et les quelques chiffres qui vont suivre donnent une illustration du travail accompli.

Du 17 mai 2013 au 28 aout 2014, ce ne sont pas moins de 38 séances qui se sont tenues, représentant un total de 256 heures de travail en séance, au cours desquelles ont été examinées, amendées puis votées 39 lois du pays, 192 délibérations, 6 résolutions, 22 avis, 1 voeu et 2 délégations à la commission permanente.

De même, la commission de contrôle budgétaire et financière a abattu un travail colossal, soit 485 décisions examinés au cours de 61 réunions.

Sur la même période, le travail des commissions législatives n’est pas en reste, avec 114 réunions et 307 textes votés.

La palme revient assurément à la commission de l’économie, des finances, du budget et de la fonction publique avec 28 réunions et 92 textes votés, suivie de la commission de la santé et du travail avec 14 réunions et 23 textes votés.

Car là était le coeur des principales réformes que nous devions engager pour le redressement de notre pays.

Je ne m’arrêterais pas en détails sur le travail de chacune des 9 commissions de notre assemblée.

Toutes les commissions ont abattu un travail considérable pour accompagner le gouvernement dans son oeuvre de redressement, et participer à la relance économique, mais bien au-delà à sa refondation.

Ce travail législatif réalisé dans un souci de simplification et d’efficacité n’est pas terminé.

Notre assemblée doit à présent se poser en garante de l’efficacité des textes que nous adoptons.

Voter des lois et des règlements n’est pas une finalité en soi, notre travail ne serait pas complet sans s’assurer de leur efficacité.

Nous devons faire un bilan des dispositions que nous adoptons, nous assurer qu’elles remplissent leur mission au service du développement, des populations et des acteurs économiques, et qu’elles ne soient pas contreproductives. 6

 

Si nous devions constater qu’un texte n’est pas bon, où qu’il répond mal à la situation que nous voulons traiter, il est de notre devoir de le corriger, de l’amender.

Notre devoir est de mesurer l’efficacité des textes que nous adoptons.

En effet, à quoi sert-il de voter des lois du pays ou des délibérations dans les domaines de compétence qui sont les nôtres si on en mesure pas les conséquences économiques, financières, sociales et environnementales pour la société que nous voulons.

Je tiens à préciser que ce n’est pas un travail d’enquête mais bien un véritable travail d’évaluation.

C’est cette approche pragmatique et dynamique de nos décisions, encore absente de nos travaux que je voudrais développer avec vous durant les trois années qui restent de cette mandature.

Ce sera le rôle de nos élus, mieux à même d’apprécier sur le terrain l’efficience des dispositions que nous avons votés à la demande du gouvernement.

Ce travail se fera de concert avec tous les représentants de notre Assemblée et le gouvernement.

J’impulserai cette évolution en révisant l’actuelle organisation des services de l’assemblée dont le diagnostic d’organisation vient de mettre présenté par l’auditeur externe qui a réalisé un état des lieux dans le cadre d’un audit mené par mon prédécesseur.

Les trois années restantes de la mandature verront s’accomplir une réforme en interne des services de l’assemblée pour nous accompagner à assumer ce rôle qui est le nôtre.

Je vous remercie.