Discours de M. Gaston TONG SANG, lors de la séance d'ouverture de la session administrative le jeudi 11 avril 2019

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Monsieur le Haut-commissaire de la République en Polynésie française,

Monsieur le Président de la Polynésie française,

Monsieur le député,

Monsieur le Vice-président,

Mesdames et Messieurs les ministres du gouvernement de la Polynésie française,

Mesdames et Messieurs les maires et élus municipaux de Polynésie française,

Mesdames et Messieurs les représentants, mes chers collègues,

Monsieur le Conseiller économique, social et environnemental,

Monsieur le Président du Conseil économique, social, et culturel de la Polynésie française,

Monsieur le Premier président de la Cour d’Appel de Papeete,

Monsieur le Procureur général,

Monsieur le Vice-recteur,

Monsieur le président de l’Université de la Polynésie française,

Monsieur le Payeur de la Polynésie française,

Madame le secrétaire général de l’assemblée de la Polynésie française,

Mesdames et Messieurs les chefs de service du Pays et de l’assemblée,

Monsieur le Président de la Chambre de commerce, d’industrie, des services et des métiers,

Mesdames et Messieurs les représentants du monde patronal, des syndicats des salariés, des ordres professionnels et consulaires,

Mesdames et Messieurs les représentants des confessions religieuses,

Mesdames et Messieurs les journalistes,

Invités du public, chers internautes, Chers amis,

'Ia ora na i roto i te aroha nō te Atua i tō tātou fāreireira'a i teie mahana 'āpī !

 

Bienvenue à toutes et à tous au sein de notre hémicycle et merci d’avoir bien voulu honorer par votre présence cette séance solennelle d’ouverture de la session administrative.

Même si nos travaux ne connaissent guère de réelle interruption au cours de l’année, cette séance marque le démarrage annuel des travaux délibératifs de notre assemblée.

Elle constitue un moment important de la vie politique et institutionnelle de notre pays, et cela à plusieurs égards :

D’abord parce qu’elle me permet, fort de la confiance que vous m’avez accordée l’année dernière en me confiant la présidence de notre assemblée, de faire le bilan de notre action commune et d’évoquer face à vous nos ambitions pour l’avenir.

Ensuite, parce que cette séance, diffusée aux quatre coins de la Polynésie, vous offre l’opportunité, Monsieur le Président du Pays, de commenter, face à l’ensemble de notre population et des représentants du peuple réunis dans cet hémicycle, et sous le regard bienveillant de votre majorité, l’état de la Polynésie et l’action de votre gouvernement.

Et enfin, car conformément à l’article 60 de notre règlement intérieur, c’est traditionnellement lors de cette séance que nous procédons au renouvellement de nos commissions.

Sur le plan législatif justement, je tire un bilan extrêmement positif de notre activité.

Les commissions législatives, dont nous connaissons et reconnaissons tous le travail de fond et d’information préalable à l’adoption de nos textes en séance plénière ont, sous la conduite rigoureuse de leurs présidents respectifs, fonctionné de manière fluide et efficace.

La commission permanente, son président et ses membres ont permis l’adoption de près d’un tiers des textes votés par notre assemblée durant les 11 derniers mois.

Les 21 séances plénières que nous avons tenues depuis le début de la mandature nous ont conduits à adopter 168 textes, dont beaucoup l’ont été à l’unanimité de nos suffrages.

Parmi les textes étudiés durant l’année écoulée, il en est un dont l’adoption revêtait un caractère particulièrement déterminant pour l’équilibre social et économique de notre pays.

Je veux bien sûr parler de l’indispensable réforme des régimes de retraite, qui, conformément à nos engagements électoraux, a été adoptée et entrera en vigueur dans les semaines à venir.

Conscient du sacrifice consenti par nos concitoyens pour offrir à notre système de retraite une viabilité pérenne, je salue ici le courage et la détermination de notre gouvernement et de notre majorité pour l’adoption de cette réforme fondamentale.

Je me réjouis également que cette fois-ci, les portes du dialogue n’aient eu à subir aucun fracas et aucune entrave.

La mission de contrôle dévolue à notre institution est, elle aussi, efficacement assumée.

Les nombreuses questions orales et écrites posées par les élus, la mission d’évaluation portant sur la médecine scolaire, les missions d’information sur le référendum néocalédonien et sur le coprah, mais aussi les réunions quasi-hebdomadaires de la commission de contrôle budgétaire et financier, rondement menées par sa présidente, sont autant de manifestation de cette démarche de contrôle, d’information et d’accompagnement que nous souhaitons opérer dans une logique saine et constructive, dénuée de tous sentiments hostiles à l’égard de notre gouvernement.

Mes chers collègues, l’efficacité de nos travaux, nourrie par notre volonté de servir l’intérêt général, nous la devons aussi à votre assiduité et votre implication. Soyez en pleinement félicités et remerciés.

Par ailleurs, la présence et la participation du Président du Pays, des membres du gouvernement, des représentants de l’État ou des membres du CESC en séance plénière ou à l’occasion des travaux en commission sont fortement appréciées de la représentation élue. Elles témoignent de l’esprit de coopération constructive qui lie nos institutions et dont nous pouvons tous nous féliciter.

De manière générale, je constate avec satisfaction que malgré nos divergences idéologiques et politiques, et en dépit de nos individualités respectives, nos travaux se déroulent toujours de manière courtoise et respectueuse.

Je tiens pour cela à vous assurer de ma profonde reconnaissance et à vous dire combien cet état d’esprit honore les hautes fonctions que nous ont confiées nos concitoyens. Il est si plaisant pour les élus que nous sommes et pour nos collaborateurs d’évoluer quotidiennement dans un tel contexte.

Ma gratitude, je tiens également à l’exprimer, en notre nom à tous, à l’endroit des fonctionnaires de notre institution qui s’affairent quotidiennement, avec discrétion et professionnalisme, sous l’autorité bienveillante et rigoureuse de notre secrétaire général et de nos chefs de service, pour que nos travaux se déroulent de la meilleure manière. Je mesure chaque jour leur dévouement et leur sens aigu du service public. Qu’ils en soient amplement remerciés !

L’année qui vient de s’écouler a également été marquée par l’organisation, au sein de notre assemblée, de plusieurs évènements institutionnels, tous inscrits dans une logique d’ouverture :

  • Ouverture aux citoyens désireux de comprendre le fonctionnement de notre institution, avec la première édition de « la Nuit du droit » qui a rencontré un succès considérable ;
  • Ouverture à nos concitoyens les plus fragiles et les plus vulnérables avec le dîner offert aux personnes sans domicile fixe de Papeete ;
  • Ouverture au monde de l’entreprenariat et de la microentreprise, avec le forum « Mon Patron c’est moi » qui a rassemblé près de 2000 visiteurs et porteurs de projets dans le hall de notre assemblée ;
  • Ouverture sur l’Europe, avec l’accueil, au sein de notre institution, des délégations de l’Association des Pays et territoires d’Outremer de l’Union Européenne ;
  • Ouverture à la jeunesse en pleine construction de sa citoyenneté avec, la semaine dernière, l’Assemblée des représentants juniors et ses décisions qui ne manqueront pas d’inspirer les nôtres.

Cette assemblée ouverte et dynamique est aussi en permanente quête de performance.

C’est ainsi qu’elle multiplie et développe les partenariats qui la lient aux parlements de la région Pacifique et de la Nation.

Les conventions de partenariat liant l’assemblée de la Polynésie française au Sénat et à l’Assemblée nationale sont un formidable outil de coopération aux bénéfices multiples et indéniables.

Les trois présidents de groupe et moi-même avons pu éprouver leur efficience, la semaine dernière, lors d’une mission à Paris au cours de laquelle nous avons été sensibilisés au fonctionnement des groupes parlementaires et à leur gestion administrative et financière.

Je ne doute pas que nous saurons, avec l’appui de nos services, nous inspirer de ces pratiques sans écarter nos particularités et nos spécificités.

Je vous annonce par ailleurs que des discussions sont actuellement en cours avec le Président de l’Assemblée nationale et du Sénat, afin de consolider et de renforcer notre collaboration, à la faveur des prochaines modifications des conventions de partenariat qui nous unissent.

Cette coopération interparlementaire, nous nous attachons également à l’entretenir avec nos frères Océaniens.

Notre histoire séculaire collective, notre passé migratoire partagé, notre situation géographique et insulaire, nos problématiques communes et nos expériences parlementaires et législatives respectives sont autant de sujets qui nous rapprochent et qui doivent nous conduire, en toute fraternité, à échanger et à évoluer ensemble dans un objectif de progrès et de performance.

Les échanges qui ont eu lieu à l’occasion du Rassemblement des partenaires parlementaires du Pacifique (l’INDONESIA - PACIFIC PARLIAMENTARY PARTNERSHIP), qui s’est tenu à Jakarta au mois de juillet dernier, et auquel j’ai participé avec le président de la commission des institutions, Monsieur Philip SCHYLE, ont démontré que les parlements de la région doivent se réunir et se soutenir mutuellement pour exister et peser dans le concert des Nations.  

La convention de partenariat signée récemment avec le Président du Parlement du Vanuatu, Monsieur Esmon SAIMON, me conduira à me rendre sur place au mois de mai prochain, avec notre secrétaire général, sur invitation du Parlement, afin d’évoquer avec son président la mise en œuvre concrète de cette démarche collaborative.

Le Groupe des parlementaires polynésiens auquel nous appartenons, et qui réunit depuis 2013 les parlements des Îles Cook, de Niue, Tuvalu, Tonga, des Samoa américaines et de Wallis et Futuna, tiendra — grâce au financement du Fonds Pacifique — sa deuxième conférence, ici-même, au mois de septembre prochain, sur le thème de l’économie bleue.

Cette conférence, que nous souhaitons organiser en étroite collaboration avec vous, Monsieur le vice-président, conduira les parlementaires polynésiens à se prononcer sur l’opportunité de créer un « Hub des savoirs sur l’économie bleue », dans le but de structurer et concrétiser les potentiels que la mer peut offrir à chacun de nos territoires. Un sujet d’actualité à l’heure où la région indopacifique fait l’objet de toutes les convoitises et bouscule l’ordre mondial.

J’ai également le plaisir de vous faire savoir que Monsieur Trevor MALLARD, président de la Chambre des représentants de la Nouvelle-Zélande, m’a récemment fait part de son souhait de voir émerger des relations de proximité entre nos deux assemblées. Il m’a ainsi convié à me rendre prochainement en Nouvelle-Zélande, accompagné d'une délégation formée d'élus de notre assemblée, afin d’évoquer avec lui les contours de cette nouvelle collaboration.

Nous n’oublions pas, Monsieur le Président, que vous avez été le fer de lance de toutes ces relations partenariales intra-océaniennes en obtenant, en 2016, l’adhésion de la Polynésie française au Forum des îles du Pacifique en qualité de membre à part entière, ouvrant ainsi la voie à un océan de perspectives et d’opportunités. 

Ces nombreux échanges de savoirs, de compétences, et d’idées — ô combien salutaires — font rayonner notre pays et me font dire que notre assemblée est résolument engagée dans une démarche d’ouverture sur le monde qui l’entoure !

J’en veux pour preuve supplémentaire la très prochaine adhésion de l’assemblée de la Polynésie française à l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF). Validée par son bureau exécutif au mois de février dernier, cette adhésion sera officiellement actée en juillet prochain, à l’occasion de la 45ème session de l’APF, comme nous l’a confirmé son secrétaire général parlementaire, Monsieur le député Jacques KRABAL, que nous avons rencontré la semaine dernière à Paris, avec les trois présidents de groupe.

L’expression de nos diversités culturelles, dont nos langues vernaculaires sont le fondement, n'est pas incompatible avec notre attachement à la langue française. Le français fait partie de nos vies et de notre histoire. Il porte des valeurs de paix, de démocratie et de liberté dans lesquelles notre assemblée se reconnaît incontestablement.

Monsieur le Président du Pays, je ne peux clôturer mon propos sans évoquer la réforme de notre statut d’autonomie, dont vous avez été la cheville ouvrière, et qui a été adoptée très tôt ce matin à l’Assemblée nationale.

Cette modification de la loi organique portant Statut d’autonomie de la Polynésie française est le fruit d’un travail de longue haleine, articulé autour de relations de proximité et de confiance avec l’État, et la Ministre des Outre-mer, Madame Annick GIRARDIN, à qui je souhaiterais adresser toute ma gratitude pour le soutien qu’elle nous a apporté sur ce dossier.

 

Cette évolution de nos dispositions statutaires, nos parlementaires autonomistes y ont également grandement contribué. Je salue d’ailleurs face à vous le travail réalisé par Madame la représentante et sénatrice Lana TETUANUI, dont la pugnacité a conduit ses collègues du Sénat à adopter unanimement ce projet de réforme. J’ai, en cet instant, une pensée toute particulière pour elle.

Cette réforme statutaire, que vous ne manquerez sans doute pas de commenter, Monsieur le Président, marque un tournant historique dans nos relations avec l’État et dans notre appréhension commune de l’épineuse question du nucléaire.

La reconnaissance formelle par la France de la contribution de notre Pays à la construction de sa capacité de dissuasion nucléaire et à la défense de la Nation est une avancée majeure !

Elle nous réjouit tout autant que l’engagement pris par la République d’accompagner la reconversion économique et structurelle de la Polynésie française consécutivement à la cessation des essais nucléaires.

Nous tenons, Monsieur le Haut-commissaire, à saluer solennellement le positionnement de l’État sur ce sujet dont vous connaissez comme moi l’importance pour tous les Polynésiens.

En ce qui concerne notre institution, cette réforme statutaire apportera la garantie d’une entrée en vigueur plus rapide de nos textes, grâce à la révision du régime de nos lois du pays.

La mission parlementaire que nous avons effectuée la semaine dernière à Paris nous a conduits à nous rendre au Conseil d’État où nous avons reçu l’assurance, de la part du président de la chambre en charge des contentieux polynésiens, qu’une attention particulière serait portée au traitement de nos dossiers, de manière à ce que le Conseil d’État rende ses décisions dans le délai de 3 mois fixé par la loi organique.  

La clarification des dispositions relatives au remplacement des membres de notre assemblée en cas de vacance de sièges constitue un gage de stabilité institutionnelle et politique.

La possibilité offerte au président de l’assemblée de déléguer ses pouvoirs d’ordonnateur aux questeurs ou au secrétaire général fluidifiera la gestion administrative et financière de l’institution.

La modification des modalités de recrutement du personnel permanent de l’assemblée nous permettra d’organiser notre administration en tenant compte des spécificités et des contraintes liées à l’activité parlementaire.

Mes chers amis, vous l’aurez compris, la session qui s’ouvre s’annonce riche et remplie de défis nouveaux, dont les plus ambitieux et les plus nécessaires sont sans équivoque le développement de notre pays et l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens.

Mon engagement envers vous est clair : vous servir avec honneur, et ainsi servir l’intérêt de chacun des polynésiens que nous représentons.

Monsieur le Président, votre gouvernement est sur la bonne voie et nous devons, avec vous, maintenir le cap !

La croissance économique est au rendez-vous ! Elle constitue la meilleure évaluation qui soit de l’efficacité de nos politiques publiques, et témoigne de la pertinence des orientations politiques plébiscitées par les électeurs.

Je suis convaincu de la nécessité de continuer ensemble, aux côtés du gouvernement d’Edouard FRITCH, à construire une Polynésie prospère et solidaire.

Bonne session à tous ! Māuruuru i te fāro'ora'a mai 'e 'ia ora na !