Allocution de M. Gaston TONG SANG, président de l’assemblée de la Polynésie française à l’occasion de l’ouverture de la session administrative - jeudi 14 avril 2022

Consulté 1128 fois

Monsieur le Président de la Polynésie française,

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Monsieur le Vice-président,

Mesdames et Messieurs les ministres du gouvernement de la Polynésie française,

Mesdames et Messieurs les maires et élus municipaux de Polynésie française,

Mesdames et Messieurs les représentants, mes chers collègues,

Monsieur le Président du Conseil économique, social, environnemental et culturel de la Polynésie française,

Monsieur le Premier président de la Cour d’Appel de Papeete,

Madame la Présidente du Tribunal de première instance,

Monsieur le Président du Tribunal administratif,

Monsieur le Président de la chambre territoriale des comptes,

Monsieur le Payeur de la Polynésie française,

Monsieur le Directeur des finances publiques,

Monsieur le Secrétaire général du gouvernement,

Madame la Directrice de cabinet,

Madame le secrétaire général de l’assemblée de la Polynésie française,

Mesdames et Messieurs les chefs de service de l’assemblée,

Mesdames et Messieurs les représentants du monde patronal, des syndicats des salariés, des ordres professionnels et consulaires,

Mesdames et Messieurs les représentants des confessions religieuses,

Mesdames et Messieurs les journalistes,

Invités du public, chers internautes, Chers amis,

'Ia ora na i roto i te aroha nō te Atua i tō tātou fāreireira'a i teie mahana 'āpī !

J’aimerais avant tout adresser des salutations particulières à nos amis de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie présents ce matin. Merci d’avoir fait ce si long voyage. Merci pour votre présence. Je souhaiterais également saluer bien chaleureusement le Haut-commissaire de la République en Polynésie française astreint à la réserve à quelques jours du deuxième tour des élections présidentielles et qui n’est donc pas présent parmi nous ce matin.

Mes chers amis, nous voilà réunis à nouveau aujourd’hui, sans restrictions, sans protocole sanitaire particulier, à la date fixée par notre règlement intérieur, loin de l’affliction et de la peine de temps que nous souhaitons désormais révolus, pour ouvrir ensemble la quatrième session administrative de notre législature.

Cette séance d’ouverture nous permet traditionnellement, comme vous le savez, de faire le bilan des mois qui se sont écoulés depuis l’ouverture de la session budgétaire, mais aussi d’esquisser ensemble le contour des projets que nous porterons ensemble au cours de la présente session et au-delà.

Si les mois passés ont été fortement marqués, encore une fois, par la pandémie et ses nombreuses conséquences, ils ont surtout laissé apparaître une stabilisation et une relative maîtrise de la situation sanitaire locale ayant permis la levée des nombreuses restrictions auxquelles nous avons tous été confrontés.

Les mois passés ont également été marqués, sur le plan institutionnel, par une activité législative dense qui témoigne de la mobilisation de notre représentation, et de votre majorité, Monsieur le Président, en appui à la politique gouvernementale de relance de notre économie ; une économie sinistrée, certes, mais qui a su demeurer vaillante grâce aux décisions courageuses et salvatrices que vous avez su prendre, Monsieur le Président.

Nous avons, au cours des 8 derniers mois, conformément aux attributions qui sont les nôtres, délibéré et assumé notre mission d’information et de contrôle.

Alors que nous procèderons, dans les jours à venir, au renouvellement de nos commissions législatives et de notre représentation au sein des commissions et organismes extérieurs, je tiens ici à remercier et féliciter chaleureusement les présidents et membres de ces instances qui assurent un travail de fond peu visible du grand public et pourtant indispensable au fonctionnement de notre institution et plus généralement de notre pays.

Ainsi donc, depuis le mois de septembre dernier, 44 réunions de commissions législatives se sont tenues, donnant lieu à plus de 90 heures de débat entre leurs membres.

La commission de contrôle budgétaire et financier s’est quant à elle réunie 18 fois au cours des 8 derniers mois et a débattu près de 30 heures durant sur près de 400 dossiers et plus de 160 avis rendus.

Au cours de la dernière session budgétaire, 3 rapports de mission d’information ont été présentés en séances plénières.

Ces missions d’information portaient — rappelons-le — sur les évacuations sanitaire inter insulaires, les conséquences du référendum néo calédonien sur la Polynésie française et les tarifs de la compagnie aérienne Air Tahiti.

Deux nouvelles missions d’information ont par ailleurs été créées récemment et portent sur le harcèlement en milieu scolaire et sur l’accès aux archives de la Polynésie française.

Notre hémicycle a vu la tenue de 11 séances plénières et 2 commissions permanentes pour un total de 65 heures de débats législatifs. Ces séances ont permis l’adoption de 112 textes.

Outre l’adoption des collectifs budgétaires ou du budget général de la Polynésie française, en 8 mois, sur proposition du gouvernement ou à notre initiative, grâce aux suffrages de la majorité, mais aussi avec le soutien récurrent des groupes d’opposition et de nos élus non-inscrits, nous avons :

  • Modifié le code de l’aménagement ;
  • Créé un compte d’affectation spéciale en faveur de la protection de l’environnement ;
  • Revu la méthodologie de calcul de la péréquation du prix de l’électricité ;
  • Fixé les conditions de création et d’exploitation des crématoriums ;
  • Modifié le statut des SEM créées par la Polynésie française ;
  • Favorisé l’usage des langues polynésiennes dans nos écoles ;
  • Promu les produits locaux dans la restauration scolaire ;
  • Défini les conditions d’accès prioritaires pour les personnes reconnues handicapées ;
  • Favorisé le don des invendus ;
  • Favorisé l’insertion sociale par l’activité économique ;
  • Modifié le statut des accueillants familiaux ;
  • Réformé la gouvernance de la Protection sociale généralisée ;
  • Entamé une réforme fiscale d’envergure ;
  • Permis l’affiliation des étudiants au RSPF ;
  • Créé un statut de l’artisan traditionnel et instauré un programme d’aide au développement du secteur artisanal.

Nous avons également :

  • Approuvé de nombreux comptes financiers afin d’assurer le fonctionnement de nos organismes publiques et para publiques ;
  • Délibéré en faveur d’une subvention au profit de nos frères Tongiens suite à l’éruption volcanique dont ils ont été victimes ;
  • Créé un « Fonds de la protection sociale universelle » ;
  • Ou encore modernisé le système fiscal en faveur de l’investissement local ».

Ces textes, ces projets ou propositions de loi du pays, de délibération, d’avis ou de résolution, énumérés ici de manière non exhaustive, ont été adoptés, pour plus de 80 % d’entre eux, à l’unanimité de nos suffrages, et cela sans faire taire l’opposition, sans priver le débat démocratique de sa vivacité, sans que tout un chacun ne renonce à ses convictions. C’est une prouesse qui se répète session après session et dont nous pouvons tous être fiers !

Vous êtes, Monsieur le Président, par la pertinence des projets portés par votre gouvernement et transmis à notre assemblée, mais aussi par votre force de conviction, un des artisans de cette dynamique unitaire. Soyez en remerciés.

Mes remerciements vont également, face à ce constat d’unanimité, à l’endroit de mes compagnons de la majorité — désormais plus nombreux qu’au début de la mandature ! —, unis, solidaires et proactifs ; mais aussi à vous, chers élus de l’opposition, combatifs, et pour la plupart d’entre vous ouverts à la discussion.

Nul ne doute que l’on se souviendra longtemps encore de cette sagesse législative.

Voici donc, mes chers collègues, que déjà nous ouvrons ensemble ce qui sera la dernière session administrative de notre mandature.

Pour autant, l’heure du bilan définitif de notre action parlementaire n’est pas encore venue, puisque 12 mois nous séparent du renouvellement intégral de notre assemblée. Nos actions, nos projets, et la cadence de nos travaux ne connaîtront pas de ralentissement au cours des 12 prochains mois.

Ces 12 mois seront décisifs, non pas pour nos intérêts personnels, pour la pérennité de notre assise politique, ou pour l’avenir de nos carrières politiques respectives. Ils seront décisifs car ils nous permettront d’aller au bout de nos projets, de nos ambitions pour notre pays, de tenir nos engagements et de faire honneur à chacun des électeurs qui ont cru en nous et ont décidé de nous confier les clés de la Cité.

La session qui s’ouvre, Monsieur le Président, sera dédiée à accompagner avec vaillance et détermination l’action de votre gouvernement. Nous accompagnerons la mise en place du « plan marshall » souhaité par notre ministre des finances afin de lutter contre l’inflation post-covid et dans le but de préserver le pouvoir d’achat ébranlé par le conflit ukrainien.

Nous serons au rendez-vous de cet ambitieux projet nécessaire au maintien de l’équilibre social et sociétal de notre pays.

La préservation du pouvoir d’achat de nos concitoyens passera incontestablement par la croissance. Cette croissance est en marche ! Les indicateurs économiques sont sans équivoques : selon l’ISPF, en février 2022, il a été constaté une progression de l’emploi salarié marchand. L’emploi est en hausse dans l’industrie, la construction, le commerce, l’hôtellerie-restauration et les autres services. L’indice de l’emploi a ainsi connu une croissance de 6,2 % sur les 12 derniers mois, et place notre croissance à un niveau finalement très peu éloigné de la période d’avant-crise. Par ailleurs, le secteur touristique connaît une dynamique extrêmement favorable : le taux de remplissage de nos hôtels et de nos avions affiche d’excellents résultats.  

Ces données sont encourageantes pour notre économie et aussi pour notre système de Protection sociale généralisée.

La PSG est notre bien commun. Il nous faudra, avec vous, veiller à sa survie, afin que chaque Polynésien puisse continuer à être soigné où qu’il soit et quelle que soit sa condition, mais aussi afin que le versement des pensions de retraites et de l’ensemble des prestations sociales demeure pérenne. 

Comme cela a été le cas au cours des derniers mois, notre assemblée sera réactive et efficace. Elle nourrira, par sa réflexion et ses débats, les projets du gouvernement. Elle fera valoir son droit d’amendement et d’initiative.

En tant qu’élus du peuple, il nous reviendra, en dehors de ces murs, de sensibiliser nos populations sur le bienfondé des décisions que nous prenons en leur nom depuis nos pupitres. Il nous reviendra d’être à l’écoute des maires, interlocuteurs de premier rang, interface privilégiée entre nos populations et nos institutions. Il nous reviendra d’agir en responsabilité !

Ce sens des responsabilités, je souhaite également qu’il soit pleinement intégré par l’ensemble de nos concitoyens, trop peu nombreux à s’être rendus aux urnes samedi dernier et qui auront rendez-vous avec leur destin le 23 avril prochain.

La France est notre Nation, une Nation tolérante construite sur les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité contraires aux idées ségrégationnistes des extrêmes.

J’appelle tous les abstentionnistes, les indécis, les citoyens épris de liberté, à se rendre dans l’isoloir le 23 avril prochain afin d’élire le Président de la République, un Président disposé à diriger notre Nation avec nous, avec tous les Français.

J’aimerais, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les ministres, mes chers collègues, avant de clore mon propos, évoquer avec vous un sujet qui me tient à cœur.

Comme vous le savez, l’assemblée de la Polynésie française est devenue, au mois de juillet 2019, la 88ème section membre de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF). Cette grande assemblée qui réunit aujourd’hui 90 parlements francophones du monde a choisi Papeete pour être l’hôte de plusieurs de ses réunions intersessionnelles. Cette décision est un grand honneur pour notre institution, notre pays et plus généralement pour toute la région Asie-Pacifique.

Ainsi, après plusieurs reports successifs causés par la pandémie, notre assemblée accueillera, du 19 au 22 avril prochain, les réunions du Réseau des femmes parlementaires, de la Commission de l’éducation, de la communication, et des affaires culturelles, et du Réseau des jeunes parlementaires de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie. Sur notre demande, un séminaire parlementaire sur le changement climatique et le développement durable aura également lieu le 22 avril prochain ici même, à Taraho’i. Ce séminaire bénéficiera de l’expertise et de l’appui technique de l’APF et verra également la participation d’experts locaux sélectionnés par notre assemblée.

Ces réunions, de portée internationale, verront la participation, en présentiel, d’une vingtaine de parlementaires Belges, Camerounais, Canadiens, Français, Gabonais, Malgaches, Calédoniens, Québécois et Suisse, et seront diffusées en direct dans le monde entier à l’adresse de l’ensemble des sections de l’APF.

Dans le prolongement de ces premières réunions, l’APF a également sollicité l’organisation, à la fin du mois de mai prochain, de la réunion de sa commission des affaires parlementaires et d’un séminaire sur l’éthique et la déontologie. Enfin, l’APF tiendra, au mois de janvier 2023, toujours à Papeete, la réunion annuelle de son bureau, plus haute instance de cette assemblée internationale.

C’est vous dire tout l’intérêt du monde francophone pour notre section, qui je l’espère, aura un jour la chance de siéger au sein du bureau de l’APF.

Je vous invite, bien évidemment, mes chers collègues, à honorer de votre présence ces rendez-vous parlementaires importants et historiques pour notre institution.

À quelques jours du démarrage de ces travaux, j’émets le souhait ardent et solennel que sous votre gouvernance, Monsieur le Président, la Polynésie française intègre enfin l’Organisation internationale de la Francophonie afin que notre collectivité autonome pèse dans le concert des Nations francophones de ce monde, et que les valeurs de la francophonie rayonnent, avec encore plus d’éclat, au cœur du Pacifique Sud. À deux, nous serons plus visibles, plus audibles, et simplement plus forts.  

Alors que je m’apprête à vous céder la parole, Monsieur le Président, je tiens une nouvelle fois à vous assurer que nous sommes à vos côtés avec la même énergie, la même confiance et le même enthousiasme qu’aux premiers jours de notre engagement avec vous. Continuer ensemble avec et pour chaque Polynésien, voilà notre devoir, voilà notre ambition !

Je nous souhaite une bonne session administrative et de fructueux débats démocratiques.     

Māuruuru i te fāro'ora'a mai 'e 'ia ha'amaita'i mai te Atua ia tātou pā'āto'a !