Discours de M. Gaston TONG SANG, lors de la quatrième séance de la session administrative

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Allocution du Président de l'assemblée de la Polynésie française lors de la 4ème séance de la session administrative

Monsieur le Président de la Polynésie française,

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Mesdames et Messieurs les ministres,

Mesdames et Messieurs les représentants, chers collègues,

Mesdames et Messieurs de la presse,

Chers internautes, chers amis du public,

E hoa here mā, 'Ia ora na i roto i te aroha o tō tātou Atua.

Comme vous le savez, la prise de parole au sein de notre hémicycle répond à des codes et est strictement encadrée par notre règlement intérieur. Il est ainsi peu banal qu’en dehors des habituelles séances d’ouverture de nos sessions, je sois amené à prononcer face à vous l’allocution que je m’apprête à porter à votre attention.

Près de 3 mois après le début de la crise sanitaire que nous connaissons, je tenais, avant de laisser la parole au Président de la Polynésie française, à m’exprimer face à vous afin, d’une part, de revenir très brièvement sur les semaines éprouvantes que nous venons de vivre ensemble, et d’autre part, pour évoquer avec vous l’avenir que nous devrons construire, plus que jamais ensemble…

La session administrative que nous vivons, chers collègues, ne connaît aucun précédent.

Jamais, au cours de l’histoire de notre institution, les élus du peuple siégeant sur ces bancs n’avaient été confrontés aux contraintes du confinement, privés de liaisons aériennes, isolés mais néanmoins mobilisés auprès de leurs concitoyens.

Jamais une session administrative n’avait débuté sans les allocutions solennelles du Président du Pays et du président de notre assemblée.

Jamais le renouvellement de nos commissions n’avait été autant retardé.

Jamais nous n’avions été, au sein de cet hémicycle, soumis aux mesures de distanciation sociale ou amenés à débattre ou nous exprimer depuis nos îles et circonscriptions respectives.

Pourtant, malgré ces contraintes sans précédent et mû par l’incroyable force de la démocratie, notre assemblée n’a jamais cessé de fonctionner et sa mission délibérative, indispensable à l’adoption des mesures de soutien gouvernementales, n’a jamais été entravée et n’a subi aucun réel ralentissement.

Les élus des Îles-du-Vent, soutenus par leurs collègues des archipels éloignés, eux aussi très impliqués, se sont réunis régulièrement en commission et en séance plénière, sans absence de quorum, afin de débattre et d’adopter, dans des délais contraints, les mesures d’urgence proposées par le Président et son gouvernement pour faire face aux conséquences de la pandémie.

Une modification de notre règlement intérieur a été adoptée en début de session afin de surseoir au renouvellement des commissions qui s’opèrera tout de même avant la fin de la session, mais aussi dans le but d’encadrer l’usage de la visio-conférence pour les travaux en commission.

Engagés dans une réelle démarche de collaboration avec notre ministre en charge des relations avec les institutions, Mme Nicole BOUTEAU, nous avons été régulièrement informés de l’avancée de la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement et les services du Pays et de l’Etat.

L’assemblée de la Polynésie française, très active et dynamique sur le plan de la coopération interparlementaire, a été sollicitée à plusieurs reprises par ses partenaires de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, de la région Pacifique ou du programme des Nations Unies pour le développement, afin de partager avec eux son expérience en matière de gestion de la crise épidémique à l’échelle de l’institution mais aussi du Pays.

Ce fonctionnement, tambour battant, de notre institution, a été rendu possible grâce à l’implication de chacun et chacune d’entre vous, grâce à l’esprit de coopération et de collaboration constructif de nos trois présidents de groupe que je salue bien aimablement, mais aussi et surtout grâce à la disponibilité, à l’efficacité et à la réactivité de notre première vice-présidente, ma chère Sylvana, qui, en mon absence, a su prendre les choses en mains avec responsabilité, de manière collégiale, concertée et consensuelle. Qu’elle en soit sincèrement remerciée. Mes remerciements, j’aimerais également les adresser à nos collaborateurs, mais aussi à notre secrétaire générale qui a su organiser et mobiliser efficacement l’ensemble de nos services administratifs durant la période de confinement.

Monsieur le Président, les mois qui viennent de passer ont été rudes et éprouvants mais ont mis en lumière votre courage politique, votre volonté inébranlable de placer l’humain au centre de l’action publique, votre inquiétude permanente et constante pour la sécurité sanitaire de nos populations, mais aussi votre relation solide et partenariale avec l’Etat et son représentant en Polynésie française, M. Dominique SORAIN, que je salue et remercie.

Cette gestion remarquable de la pandémie qui a mis à mal notre pays nous permet aujourd’hui de ne déplorer aucune perte humaine et de ne recenser qu’un nombre extrêmement restreint de malades. Au nom de l’ensemble de notre représentation, je tiens à vous adresser, Monsieur le Président, ainsi qu’à l’ensemble des membres de votre gouvernement, nos remerciements les plus chaleureux et nos félicitations appuyées pour la gestion de cette crise sans précédent.

Les mesures sociales qui ont été portées par votre gouvernement et adoptées par la grande majorité de notre assemblée ont permis et permettent aux victimes collatérales de la pandémie de survivre à la crise économique qui frappe sévèrement notre pays et ébranle l’équilibre social et sociétal du fenua. Critiquées par certains esprits chagrins, ces mesures sont, sur le terrain, extrêmement bien accueillies et saluées par les milliers de polynésiens qui en bénéficient.

Il me faut ici remercier l’ensemble des entités publiques qui ont accepté de contribuer à la mise en commun des fonds nécessaires à la mise en place de ces mesures salvatrices, tout en formulant le vœu solennel que la République, une et indivisible, nous apporte le soutien qui nous permettra de faire face aux lendemains difficiles et incertains qui s’imposeront à nous.

Monsieur le Président, l’annonce par vos soins de la reprise des vols commerciaux internationaux dès le 15 juillet prochain constitue un réel espoir pour notre économie insulaire étroitement liée à la reprise de l’activité touristique dans notre pays. À Bora Bora, aux Marquises, aux Tuamotu, aux Australes, et partout en Polynésie, les portes de nos pensions de familles, de nos hôtels, de nos commerces et de nos restaurants, verrouillées à double tour durant le confinement, sont à présent grandes ouvertes et prêtes à accueillir nos visiteurs pressés de fouler le sol d’une terre hospitalière à présent exempte de ce virus qui isole les grandes métropoles urbaines de ce monde et rend enviable et attractif l’isolement géographique de nos îles.

Monsieur le Président, mes chers collègues, le défi majeur et immédiat que nous devons relever ensemble est bien évidemment celui de la relance économique de notre Pays qui s’opèrera grâce à notre unité et grâce à la capacité de résilience historique et millénaire de notre peuple.

J’en appelle ainsi humblement à la mobilisation générale de l’ensemble des forces politiques de notre fenua pour accompagner le gouvernement dans ce noble et indispensable projet.

Sans renoncer à nos idéologies respectives et en honorant la confiance accordée par nos électeurs, nous devons travailler main dans la main, loin des intérêts partisans, unis par la volonté de remettre à flot notre économie, de dynamiser à nouveau nos industries, nos entreprises, et de permettre à chaque polynésien de trouver sa place dans une société économiquement et socialement épanouie.

Cet esprit d’unité, je souhaite qu’il soit présent partout et en tous lieux. Pour reconstruire l’économie polynésienne, nous aurons besoin d’une assemblée unie et dévouée à l’intérêt général, d’une société civile unie et solidaire, de conseils municipaux et de parlementaires unis et responsables, mais aussi d’une majorité solide et plus que jamais unie aux côtés de son Président et de son gouvernement.

Notre population a besoin d’être rassurée et doit pouvoir compter sur la stabilité de ses institutions.

Les mouvements dissidents, les démonstrations de défiance à l’égard de nos dirigeants, les discours hostiles ou réprobateurs n’ont pas leur place en ces temps troubles et difficiles. Improductifs et stériles, ils fragiliseront l’édifice que nous devons pourtant nous employer à bâtir ensemble.

Aussi, Monsieur le Président, soyez assuré du fait que notre assemblée travaillera à vos côtés avec responsabilité et efficacité, et que votre majorité, vaillante et plus que jamais mobilisée, portera avec vigueur et détermination votre action et celle de notre gouvernement.

A bord de la même pirogue et ramant dans la même direction, nous affronterons ensemble les vents contraires, les tourments et les afflictions de cette difficile traversée, pour le bien de notre population et l’avenir de notre beau pays.

Māuruuru i te fāro'ora'a mai 'e 'ia ha'amaita'i mai te Atua ia tātou pā'ato'a.