Discours de M. Edouard FRITCH à l'occasion de l'inauguration du parcours botanique de l'assemblée

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Discours de M. Edouard FRITCH à l'occasion de l'inauguration du parcours botanique de l'assemblée
Mesdames,

Messieurs,

Je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui dans les jardins de l'Assemblée de la Polynésie française, dans ce lieu historique ou s'élevait d'abord la modeste maison puis le palais de la reine Pomaré IV.

Nous venons de découvrir le parcours botanique élaboré et savamment commenté par Michel Guérin, qui fut directeur du jardin botanique et qui reste un des meilleurs connaisseurs de notre flore. Je tiens à le remercier ici pour sa disponibilité.

Le parcours que nous venons d'inaugurer est destiné à offrir à nos visiteurs et plus particulièrement aux scolaires, un échantillon, en plein centre ville, de la diversité de notre flore.

Le deuxième volet de cette journée de l'arbre sera consacré dans quelques instants à la plantation d'un pied de santal, " ahi " en tahitien, " santalum insulare " selon son appellation scientifique.

Cet arbre a été, au 19ème siècle, surexploité pour son bois odorant par les santaliers et autres beachcombers. Plus récemment il a été abondamment prélevé par les Polynésiens eux-mêmes, pour être utilisé en sculpture. Il est, depuis 2003, sur la liste des espèces protégées.

L'acte symbolique de plantation d'un pied de santal est à replacer dans le cadre de la campagne internationale du PNUE (programme des nations unies pour l'environnement) qui s'est donnée pour objectif de planter un milliard d'arbres.

Cette campagne a, en premier lieu, la juste ambition de participer à la lutte contre le changement climatique au niveau mondial .Et ce de manière directe puisqu'en l'espace d'une année un arbre de grandeur moyenne absorbe douze kilos de gaz carbonique et rejette l'oxygène nécessaire à une famille de quatre personnes pour une année ?

Mais la lutte contre le changement climatique qui nous menace n'est pas le seul objectif de cette campagne.

Aujourd'hui 13 millions d'hectares de forets disparaissent
chaque année !

Et c'est en plantant des arbres, en réhabilitant les forêts disparues, que nous luttons également contre l'érosion des sols, que nous contribuons à reconstituer les réserves d'eau en péril et que nous mettons un frein à la disparition de la biodiversité.

L'arbre que nous plantons aujourd'hui ne doit pas cependant cacher la forêt de nos insuffisances.

Peut-on en effet se glorifier de consacrer une journée à l'arbre alors qu'il est absent de nos préoccupations les 364 autres jours de l'année ?

Chaque nouvel arbre planté ne doit pas être un prétexte pour oublier l'arbre qui est chaque jour arraché ou coupé pour laisser place à une route, à une maison, à un supermarché, ou pour être transformé en bois de construction.

Pour que chaque jour soit la journée de l'arbre, souvenons nous des traditions des anciens Polynésiens. Ceux ci n'avaient pas besoin de décréter une journée de l'arbre pour prendre et garder conscience de son importance.

Car si ce sont les dieux qui étaient à l'origine de la création du monde, c'est bien l'homme qui donna naissance aux arbres.

Ainsi, écrit Teuira Henry à propos de l'arbre emblématique de la Polynésie française :" Le uru ou arbre à pain jaillit d'un homme ; le tronc était son corps, les branches étaient ses membres et les feuilles ses mains, le fruit était sa tête et à l'intérieur de celui-ci se trouvait la langue, le cœur du fruit. "

Faisons en sorte que les arbres qui nous entourent continuent à témoigner de cette complicité active entre l'homme et l'arbre.

Souvenons nous encore que pour beaucoup d'autre nous notre
Pu fenua est enterré au pied d'un arbre pour rappeler que ce sont
les hommes qui appartiennent à la terre et non la terre qui
appartient aux hommes.

Les Polynésiens d'aujourd'hui doivent prendre conscience que le passé peut continuer d'informer le présent et que nous devons conserver des traditions ce qu'elles ont d'actuel et de moderne.

Une journée de l'arbre ne va pas réconcilier définitivement l'homme avec la nature, mais elle peut y contribuer de manière symbolique. Et en cela je suis heureux d'avoir fait participer l'Assemblée de la Polynésie française à cette campagne internationale en faveur de l'arbre.

Avant de procéder à la mise en terre du plant de santal, je ne peux résister à vous citer un proverbe béninois qui dit : " celui qui a planté un arbre avant de mourir n'a pas vécu inutilement "

Je me souhaite et je souhaite à tous d'avoir encore de nombreux arbres à planter !

Je vous remercie de votre attention