Candidature de M. Edouard FRITCH à la présidence de la Polynésie française

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Candidature de M. Edouard FRITCH à la présidence de la Polynésie française

Monsieur le Président de l'Assemblée de la Polynésie française,
Messieurs les sénateurs ;
Mesdames et messieurs les représentants,
Mesdames et messieurs du public,
Mes chers compatriotes,


Le 7 juillet 2007, un espoir est né. Un espoir est né de la rencontre entre deux leaders historiques de notre pays, Gaston Flosse et Oscar Temaru. Un espoir est né du désir de paix entre ces deux hommes qui avaient pourtant organisé toute leur carrière politique comme un affrontement permanent. Le 7 juillet 2007 a ouvert un nouveau chapitre de l'histoire et de la construction de notre pays.

Cette histoire, j'en ai été l'un des acteurs, aux côtés de Gaston Flosse d'abord, puis avec Oscar Temaru et Antony Géros. Je souhaite continuer sur cette voie de pacification et de construction de notre pays. C'est pourquoi je me présente à vos suffrages.

Certains d'entre vous pourraient considérer que ma candidature, portée par le Tahoeraa Huiraatira, est en contradiction avec cette Union pour le développement, la stabilité et la paix que nous avons portée depuis le mois d'avril 2008 avec nos collègues de l'UPLD.

Cette candidature, sachez-le, ne remet aucunement en cause notre volonté commune de stabilité et de paix qui nous a conduits, ensemble, à créer un groupe commun à l'Assemblée, l'UDSP, et à former un gouvernement d'union il y a un an.

Ce rassemblement politique au sein du groupe UDSP a été remis en cause par la décision unilatérale de M. Oscar Temaru de se présenter à la présidence de la Polynésie française dans le cadre de la motion de défiance que nous avons cosigné avec les élus de Rautahi. L'existence même du groupe UDSP a été remise en cause parce-que le président de l'UPLD a estimé que nos accords d'avril 2008 étaient devenus sans objet.

Dès lors, le Tahoeraa Huiraatira a retrouvé toute sa liberté d'action et de parole, au même titre que Rautahi. Et c'est bien dans ce cadre, au nom du Tahoeraa Huiraatira, que le président Gaston Flosse a signé, lundi matin, le programme de gouvernement de la nouvelle majorité formée avec l'UPLD et Rautahi.

En me portant candidat à la présidence de la Polynésie française, je ne remets nullement en cause cette signature. Ce programme que nous avons élaboré ensemble est un bon programme et si vous me faites confiance, c'est celui que je mettrais en œuvre.

Mais lorsque nous avons signé ce programme, il ne pouvait y avoir qu'un seul candidat. La loi Estrosi ne nous donnait pas de possibilité d'ouvrir les candidatures puisque nous étions alors dans le cadre d'une motion de défiance à l'égard du gouvernement sortant.

Aujourd'hui, si nous sommes réunis, c'est dans le cadre de la procédure ordinaire de l'élection du président de la Polynésie française, puisque notre président de l'Assemblée a décidé de ne plus faire voter la motion de défiance mais de procéder à une nouvelle élection à la suite de la démission de M. Gaston Tong Sang.

Aujourd'hui, et contrairement à ce que nous avions arrêté hier, nous ne sommes plus contraints de nous prononcer sur un seul nom. Nous sommes dans un processus démocratique de confrontation des candidatures.

Ma candidature s'inscrit dans ce processus démocratique. Ce n'est pas une candidature contre tel ou tel autre candidat. Je le sais, les Polynésiens n'aspirent qu'au rassemblement et à la Paix. Les Polynésiens souhaitent que nous puissions nous entendre pour concentrer toute notre énergie sur la relance et le rattrapage social. Ils ont raison, je suis de leur avis.

Comme les Polynésiens, comme vous, je veux la Paix et je ne prépare pas la guerre. Je veux poursuivre sur la voie du dialogue, du respect mutuel et de la construction d'un avenir commun.

Je m'inscris dans la droite ligne de la voie extraordinaire tracée par nos aînés Gaston Flosse et Oscar Temaru ce fameux 7 juillet 2007. Cette réconciliation, le Tahoeraa Huiraatira en a payé le prix fort. J'en ai payé le prix fort et je l'accepte sans regret. Nous avons été critiqués, traînés dans la boue. Quel était notre crime ? Nous avions accepté la main qui avait été tendue par Oscar Temaru. Nous avons été voués aux enfers pour ce geste fraternel.

Contre les arguments de nos adversaires politiques de l'époque, contre une grande partie de l'opinion publique, nous avons souhaité privilégier ce dialogue, cette réconciliation. Cela nous semblait le plus juste et le plus utile pour notre Pays, le plus conforme à l'esprit polynésien, plus proche de l'esprit océanien. Ce choix, s'il est arrivé trop tôt n'était-il pas en revanche visionnaire ?

Malgré ce qu'il nous en a coûté, électoralement parlant, je suis aujourd'hui intimement persuadé que ce choix, fait par des hommes hors normes, était et reste le meilleur pour le Pays.

J'en suis d'autant persuadé que ce qui apparaissait hier comme une hérésie, un mariage contre-nature de l'ange et du démon, est désormais devenu la référence commune.

Que de chemin parcouru depuis ce mois de juillet 2007 ! Quelle évolution des mentalités. Je suis fier d'avoir participé à cette construction, à ce rassemblement, à cette union et de l'avoir soutenue sans relâche.

Patiemment, avec nos amis de l'UPLD, nous avons appris à nous connaître, à nous apprécier, à travailler ensemble. Ce travail en commun, avec mon ami Tony Géros, nous l'avons pratiqué de manière intense, volontaire et sincère tout au long de la session budgétaire qui vient de s'achever.

En parfaite concertation, en parfaite concordance de vue, nous avons dénoncé pied à pied ce budget du gouvernement démissionnaire parce qu'il ne correspondait pas aux préoccupations des Polynésiens.

Ce travail en commun nous l'avons effectué dans la plus grande confiance mutuelle au sein du groupe UDSP, alors que nos leaders respectifs étaient retenus à l'extérieur du Pays. Le sénateur Flosse était à Paris pour défendre nos intérêts ; monsieur Temaru était en Nouvelle Zélande pour des raisons de santé.


Ensemble avec l'UPLD, nous avons montré que la réconciliation allait bien au-delà de nos seuls leaders, Gaston Flosse et Oscar Temaru, qu'elle n'était pas un vain mot. Nous avons montré que c'était bien une ambition commune, une vision pour nous guider vers un avenir serein. L'étude de ce budget a été l'occasion d'alimenter une " construction commune " au sein de l'UDSP, déterminante pour le destin des polynésiens.

Allons-nous raviver nos divisions d'hier alors que l'exemple de notre réconciliation a transcendé aujourd'hui la vie politique polynésienne ? Tout le monde se parle dans nos quartiers, dans nos paroisses. Tous les groupes politiques cherchent les voies du rapprochement.

Aujourd'hui, mes chers collègues, plusieurs candidats se présentent devant vous. Est-ce le signe d'un nouvel éclatement ? Je vous le dis : je n'ai pas fait tout ce chemin, pour être le candidat de la division. Je n'ai pas fait tout ça pour ça.

Quelle est la question qui se pose à nous aujourd'hui ? Voulons-nous continuer à nous affronter pour savoir qui a gagné les dernières élections ? Voulons-nous continuer à prétendre être plus légitime que l'autre ? Non !

Pour moi, la seule question qui doit guider notre choix est : qui peut et comment pouvons-nous sauver le pays de la crise dans laquelle il s'est enfoncé ? C'est aussi de savoir quelle équipe peut se rassembler autour d'un nouveau président pour être la plus efficace face aux défis qui sont les nôtres?

Ces derniers temps on a voulu opposer Gaston Flosse et Oscar Temaru dans la course à la présidence face à Gaston Tong Sang et à l'échec de sa politique.

Oscar Temaru et Gaston Tong Sang sont témoins que Gaston Flosse a montré la voie de la recherche d'une relève politique en proposant ma candidature. Ni l'un, ni l'autre n'ont souhaité prendre exemple sur Gaston Flosse pour proposer une candidature alternative à la leur.

Mes chers collègues, je suis candidat, soutenu par le Tahoeraa Huiraatira, parce que mon président et mon parti ont souhaité offrir une alternative crédible aux Polynésiens.

Je suis candidat parce que j'ai la ferme volonté que notre désir commun d'un large rassemblement ne se heurte pas à l'écueil de candidatures confisquées par les seuls à avoir déjà assumé les fonctions présidentielles.

Je suis candidat parce qu'il faut reprendre ce chantier de la réconciliation, momentanément suspendu du fait de nos discussions politiques pour l'élection du président.

Cette réconciliation, pour moi, ce n'est pas le moyen de neutraliser politiquement un des partenaires. Cette réconciliation, elle doit prendre un corps que nous n'avons pas encore su lui donner. Elle doit avoir un véritable contenu pour déboucher sur une véritable communauté de destin.

Je souhaite mettre à profit cet épisode de notre vie politique pour construire ce futur avec vous mes amis partenaires de l'UPLD et de Rautahi, avec vous du To Tatou Ai'a, avec vous élus des archipels. N'est-il pas temps que la génération qui succèdera inéluctablement à Oscar Temaru, à Gaston Flosse et à Gaston Tong Sang prépare de manière concertée ce futur ?


Vous le savez, au Tahoeraa Huiraatira, des hommes et des femmes ont été formés par notre président Gaston Flosse pour assumer les responsabilités au plus haut niveau. Vous le savez puisque, pour beaucoup d'entre vous, vous êtes passés par cette école. C'est la force et la lucidité politique de notre président qui lui ont fait préparer sa relève.

J'ai été préparé à cette relève. J'ai fait preuve de patience et de discernement dans cette préparation. Jamais je ne me suis inscrit dans la logique de la conquête du pouvoir pour le pouvoir. Jamais je n'ai souhaité être en rupture avec ma famille politique pour satisfaire une ambition. Aujourd'hui je crois être, parmi nous tous, celui qui a acquis le plus d'expérience gouvernementale en ayant assumé un très grand nombre de secteurs ministériels.

Je connais les attentes des familles à la recherche d'un logement ; je connais le souci des jeunes de s'insérer dans le monde du travail ; je connais les attentes des professionnels du secteur primaire, les pêcheurs et les perliculteurs ; je connais les problèmes fonciers qui minent notre société et qui divisent les familles; je connais les difficultés quotidiennes rencontrées par les habitants des archipels ; je connais les besoins en équipement structurants ; je connais l'aspiration de la Polynésie à s'ouvrir au monde grâce aux nouvelles technologies ; je connais aussi les arcanes politiques métropolitaines pour avoir été député de la Polynésie française ; je suis proche des maires pour avoir servi depuis 1980 la commune de Pirae comme employé, puis depuis 1995 comme élu.

Je suis porteur des valeurs de mon mouvement. Mais ces valeurs sont universelles et doivent être les nôtres: je veux parler de la loyauté, de la discipline, de l'ordre, du travail, de l'amour de son pays.

En ces temps mouvementés de crise économique et politique, je crois qu'il faut revenir aux fondamentaux que représentent ces valeurs. Plus que jamais, la Polynésie et les Polynésiens ont besoin de loyauté, d'ordre, de travail et de sérénité.

Ces valeurs, je souhaite que nous les partagions tous pour construire la Polynésie de demain dans le plus large rassemblement. Le premier acte de ce rassemblement a été en quelque sorte sanctuarisé dans la réconciliation ouverte le 7 juillet 2007.

Nous n'avons pas besoin en Polynésie d'un quelconque accord de Matignon ou d'un accord de Nouméa pour dialoguer et travailler ensemble. Nous l'avons démontré, en Polynésie française, nous n'avons pas besoin de l'intervention de l'Etat pour dialoguer entre indépendantistes et autonomistes. Nous n'avons pas besoin de l'intervention de l'Etat pour mettre de côté nos divergences idéologiques afin de nous consacrer à l'essentiel. Nous n'avons pas besoin de signer un quelconque " pacte secret ".

Les " accords de Tahiti Nui ", j'aimerais dire les " engagements de Tahiti Nui ", doivent devenir une réalité. Ils doivent s'attacher à définir les conditions et les moyens d'accompagner la Polynésie française dans la poursuite de son développement économique, social et culturel, mais aussi politique. Ils doivent se faire, et c'est essentiel, dans le respect mutuel et loyal des compétences de l'Etat et du Pays, dans le respect des engagements.

Ce partenariat renouvelé et confiant, je souhaite le construire avec l'Etat. Je ne suis pas de ceux qui veulent rompre le dialogue avec l'Etat. Mais je ne suis pas non plus de ceux qui courbent l'échine quand les intérêts du Pays sont en jeu. Le dialogue ne se fait que dans le respect mutuel des partenaires. Nous avons trop vu ces derniers mois un gouvernement central s'imposer unilatéralement. Nous avons vu, dans le cadre du vote de la loi Estrosi un Etat dominateur qui n'a pas tenu compte de la volonté de l'immense majorité des élus Polynésiens.
Cette atteinte aux principes de l'autonomie, cette atteinte à nos instances représentatives est intolérable. Nous devons être un partenaire loyal, mais ferme sur la défense de nos intérêts dès lors qu'ils sont remis en cause.

La confiance, c'est aussi ce que je souhaite partager avec vous. J'ai confiance en mon pays, j'ai confiance en ces hommes et femmes qui tous les jours servent ce pays ; j'ai confiance en ces jeunes qui tous les jours se battent pour être de plus en plus instruits et servir au mieux leur pays.

Notre pays a été trop pénalisé par les méfiances réciproques au sein de la classe politique qui ont conduit certains à adopter des attitudes mesquines ou à chercher à tirer profit de toutes les situations.

Ce temps est révolu ! Notre responsabilité, et je la fais mienne, c'est de mettre un terme à ces querelles d'égo, à toutes les bassesses politiques, aux combines et aux petits calculs sans lendemain pour notre Pays.

J'aime mon pays. J'ai confiance dans les hommes et dans les femmes de notre Pays. Je veux que les hommes et les femmes de notre pays retrouvent confiance en nous.

Je vous fais confiance pour partager mon ambition. Je vous fais confiance car je sais que je peux trouver en vous des hommes et des femmes compétents qui sont prêts, au-delà des contingences politiques et des contingences de personnes, à œuvrer sans réserve pour redresser la situation et préparer l'avenir.

Je sais aussi qu'au-delà de notre hémicycle, nous pouvons trouver dans d'autres formations politiques ou dans la société civile des personnes disponibles et efficaces pour apporter leur contribution à la construction de cet avenir.

J'en appelle à votre sens des responsabilités, à votre désir commun de dépasser les seules manœuvres politiciennes, pour enfin désigner aux fonctions de président de la Polynésie française, non seulement un homme, mais aussi et surtout une équipe dont la finalité, sur la base d'un programme concerté et accepté par une large majorité d'entre vous, est de donner à notre pays les chances d'un renouveau.

Ce renouveau puisera sa force dans les valeurs qui sont les miennes et les vôtres. Des valeurs aux racines culturelles et chrétiennes fortes, des valeurs fondées sur le respect, la solidarité et l'amour de son prochain, des valeurs qui serviront un programme économique et social au service de l'emploi, de l'investissement et du rattrapage social nécessaire et utile au plus grand nombre.

Il vous appartient de changer les choses. Je vous en offre l'opportunité et je vous laisse seuls juges du choix que je respecterai.

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