Conférence de presse du président Marcel Tuihani : « Tout ce qui a été initié va dans le bon sens ! »

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Conférence de presse du président Marcel Tuihani : « Tout ce qui a été initié va dans le bon sens ! »

Ces trois ans et demi, n’ont pas été un long fleuve tranquille. C’est en ces mots, en substance, que le président de la troisième institution a entamé sa conférence de presse ce lundi matin pour faire un bilan de la mandature. Marcel Tuihani a choisi de séquencer son bilan en retenant les faits marquants de chaque année.

2014 : « Cette année a été agitée, dès ma prise de fonction », rappelle-t-il, avec le lancement de plusieurs affaires judiciaires, celle du bureau, celle de la vaisselle, ou encore celle des chargés d’étude. « Je n’oublierai jamais ma garde à vue la veille de Noël. C’est quelque chose qui marque et qui fait méditer », précise le président.

2015 : C’est l’année de l’éclatement du Tahoera’a Huiraatira qui donnera naissance à un nouveau groupe politique, le RMA, le rassemblement pour une majorité autonomiste. Durant huit mois le gouvernement se trouve privé de majorité. « Certains veulent alors faire croire que c’était le retour à l’instabilité. La ministre des Outremer Georges Pau-Langevin a même menacé de dissoudre l’Assemblée et de renvoyer la population à de nouvelles élections. Mais durant cette période aucun texte n’a été rejeté. En dépit des jeux politiques, il n’y a pas eut d’instabilité, ce que le haut commissaire Lionel Beffre avait lui-même souligné. J’ai pris de la hauteur et j’ai fait en sorte de préserver l’institution et de garantir son bon fonctionnement », explique Marcel Tuihani.

2016 : C’est l’année de la visite du président de la République François Hollande. « Il a lui aussi soutenu mon travail en rendant publiquement hommage à ma volonté de préserver le bon fonctionnement des institutions. » rappelle le président de l’Assemblée. Cette année-là, le président renouvèle le partenariat avec l’Assemblée nationale et signe celui avec le Sénat, qui ont permis d’engager les visites des élus et les formations des fonctionnaires de l’Assemblée. Une convention tripartite est également signée avec la Nouvelle Calédonie, qui a permis d’intégrer Wallis et Futuna. « Nous avons tant à apprendre les uns des autres, à partager notre expérience et à essayer de bâtir un avenir commun. » commente le président. Il y avait aussi les 70 ans de l’Assemblée, un événement qui a retracé l’histoire de notre institution. Il a permis d’initier un kit pédagogique sous la houlette de Madame Yvette Tomasini, un travail de qualité dans lequel l’Assemblée a joué un rôle essentiel. Ce fut aussi une année décisive pour l’évolution de l‘institution, avec la mise en oeuvre du contrôle de l’activité des collaborateurs, un point important qui a conduit à la modification du règlement intérieur de l’Assemblée et qui résulte de l’audit de la CTC en 2012 ; sans oublier la création des évaluations des politiques publiques, avec la création d’une commission ad hoc et d’un service dédié. « C’est une grande satisfaction d’avoir pu engager ces deux réformes qui étaient nécessaires », indique le président.

2017 : « Je conserve un gout amer de mon éviction des conseils d’administration d’Air Tahiti Nui et de la banque Socredo, au motif que je n’appartenais plus à la majorité. C’est la première fois, je crois, que le président de l’Assemblée qui y siégeait es-qualité n’y siège plus », regrette le président Tuihani. Cette année là, l’Assemblée a également débloqué 100 millions de XPF de ses réserves pour venir en aide aux familles sinistrées après les intempéries du début de l’année. « Nous avons souhaité une traçabilité de l’usage de ces fonds, mais nous n‘avons toujours rien reçu du gouvernement à ce sujet », dit-il. Sur un plan plus politique, « 2017, c’est aussi l’année de ma démission du Tahoera’a Huiraatira, en juin, après les élections présidentielles et législatives. Elle marque le départ d’un nouveau cheminement politique pour moi ». Cette année-là, l’Assemblée a aussi concrétisé la formation de ses cadres, avec les premières missions à l’Assemblée nationale et au Sénat, et la venue d’une importante mission de conseil de l’Assemblée nationale pour la mise en oeuvre des politiques publiques et l’amélioration du fonctionnement des séances. « Je n’ai malheureusement eu aucun retour de propositions pour améliorer le fonctionnement de notre institution de la part des élus qui sont partis en formations à Paris », déplore le président Marcel Tuihani.

Les investissements

Evoquer d’un mot la politique d’investissement, qui s’élève à environ 370 millions de XPF, le président de l’assemblée rappelle quelques-uns des grands chantiers de sa mandature :

  • La remise à niveau de l’hémicycle avec le changement des parquets et des boiseries vermoulues, des fauteuils des élus et des micros,
  • La mise à niveau du réseau électrique qui n’était plus aux normes et qui était devenu dangereux,
  • Les travaux d’étanchéité de la toiture du bâtiment de Tarahoi où les fuites se multipliaient, ainsi que dans le bâtiment administratif de Tetunae,
  • Le remplacement de nombreux matériels de bureautique et d’informatique,
  • Les travaux du jardin, en dépit de la polémique que certains élus ont essayé de créer en l’accusant de jeter l’argent par les fenêtres : « ces travaux de remise à niveau de la pelouse étaient nécessaires, il fallait les faire » dit le président,
  • L’installation des panneaux photovoltaïques : « une réalisation dont je suis particulièrement fier, car c’est un investissement pour l’avenir

« Je me suis attaché à mettre l’institution au service de tous les élus »

« J’ai aussi découvert la perversité politique en arrivant à l’Assemblée » assène le président Tuihani, car l’institution, explique-t-il, a toujours été préemptée par le parti majoritaire pour les besoins de sa majorité. « J’ai voulu rompre avec ces pratiques et je me suis attaché à mettre l’institution au service de tous les élus. Je ne faisais plus partie de la majorité en place, ce qui était une première, mais j’ai soutenu toutes les initiatives de la majorité et celles des autres groupes, sans distinction. J’ai soutenu tout le monde et toutes les commissions législatives que j’ai contribué à rendre plus autonomes. Je crois qu’aujourd’hui les élus font preuve de plus d’initiatives et ne veulent plus se cantonner à ce rôle de chambre d’enregistrement dans lequel on veut les enfermer ». De fait, l’institution a progressé, elle a gagné en maturité et en initiative. La réorganisation des services qui a été engagée, qui a été approuvée par le bureau de l’Assemblée et validée en commission paritaire par les représentants du personnel, est une excellente chose, elle était nécessaire : « ce qui a été initié va dans le bon sens », rappelle le président Tuihani qui souligne : « nous sommes comptables du bon usage des deniers publics ».

« Je me suis inscrit dans les traces de mes prédécesseurs »

Le président Marcel Tuihani a souvent souligné le travail réalisé par ses prédécesseurs et c’est encore le cas aujourd’hui. Edouard Fritch a initié dès 2013 un audit pour amorcer la réorganisation de l’Assemblée. Le président de l’Assemblée a engagée et mis en œuvre cette réforme. Jacqui Drollet a noué dès 2012 le partenariat avec l’Assemblée nationale. Marcel Tuihani l’a mis en oeuvre et complété en signant une convention avec le Sénat : « Je me suis inscrit dans le sillage de mes prédécesseurs, dans leur continuité. Je souhaite que mon successeur poursuive ce travail dans le même esprit. » Evoquant brièvement les évènements qui ont marqué la séance du 8 mars dernier, le président rappelle que les dégradations commises sont inacceptables : « J’ai déposé plainte mercredi dernier auprès du procureur de la République », annonce-t-il aux journalistes qui lui posent la question. Evoquant ensemble la lettre ouverte du personnel consécutive à la réorganisation des services, le président de l’assemblée a indiqué qu’il a toujours avancé à visage découvert : « J’ai été transparent, et respectueux des procédures et des personnes, je ne vis pas bien ce qui s’est passé. Je souhaite que la lumière soit faite sur ce qui s’est passé. »

Répondant à quelques questions, et notamment sur ce qu’il n’a pas pu achever, le président Marcel Tuihani a souligné que son souhait était de placer l’institution dans son rôle, d’en faire un véritable partenaire de l’exécutif, en particulier sur des sujets importants, comme la PSG. Il regrette, par exemple, que la commission d’enquête sur la PSG ait été rejetée : « Elle aurait permis au gouvernement de s’appuyer sur des recommandations issues de l’ensemble des formations politiques et d’engager ainsi une réforme qui aurait réunie un consensus plus grand au sein de l’Assemblée. »

En ce qui concerne les moments positifs, le président Marcel Tuihani retient tout particulièrement la commémoration des 70 ans de l’institution qui a permis de mettre en valeur toute l’histoire et la richesse de l’Assemblée, et celle des 140 ans de la disparition de la reine Pomare IV : « Cet événement a permis de jeter un pont avec notre passé, de réunir pour la première fois les héritiers de la famille Pomare et d’inaugurer ensemble cette stèle dans le jardin. »

En conclusion, le président Marcel Tuihani se résume ainsi : « J’ai le sentiment d’avoir réalisé du bon travail, et je salue mon cabinet et ma directrice de cabinet en particulier qui est à mes côtés, et qui m’a permis de prendre de la hauteur et de faire progresser l’institution, de valoriser les compétences, de recruter des compétences supplémentaires par concours, d’aider les élus à mieux travailler. C’est un peu comme s’il y avait un couvercle sur l’institution, et je crois que je suis parvenu à le soulever pour lui permettre de respirer. La Polynésie française peut être fière de ses institutions, on peut encore progresser, car elles sont jeunes, mais les fondations que nous avons posées sont bonnes. Je souhaite à mon successeur de poursuivre ce travail. »

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